S.F. Sorrow est un
album du groupe de
rock anglais The Pretty Things, paru en
1968. Il s'agit de l'un des premiers
concept albums.
Basé sur une nouvelle écrite par le chanteur et guitariste Phil May, l'album est structuré comme un cycle de chansons racontant l'histoire de la vie d'un dénommé Sebastian F. Sorrow, qui connaît l'amour, la guerre, la folie et le désenchantement de la vieillesse.
L'album fut enregistré au cours de l'année 1967 dans les fameux Studios Abbey Road d'EMI, à Londres, tandis que dans les mêmes studios, les Beatles et Pink Floyd enregistraient respectivement Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band et The Piper at the Gates of Dawn.
Le groupe travailla avec le producteur Norman Smith, qui avait enregistré les premiers albums des Beatles, et l'ingénieur du son Peter Mew. Ils expérimentèrent les dernières innovations sonores, comme le Mellotron ou les premiers générateurs de sons électronique, utilisant souvent des techniques et des gadgets conçus sur place par les techniciens d'Abbey Road.
Phil May a déclaré avec emphase que Smith était le seul à EMI qui soutenait vraiment ce projet, et que son expérience technique fut inestimable pour le résultat final. Cette attitude contraste nettement avec les difficultés rencontrés par Pink Floyd avec Smith.
Membres du groupe
Liste des morceaux
Face 1
- S.F. Sorrow Is Born – 3:12
- Bracelets of Fingers – 3:41
- She Says Good Morning – 3:23
- Private Sorrow – 3:51
- Balloon Burning – 3:51
- Death – 3:05
Face 2
- Baron Saturday – 4:01
- The Journey – 2:46
- I See You – 3:56
- Well of Destiny – 1:46
- Trust – 2:49
- Old Man Going – 3:09
- Loneliest Person – 1:29
Titres bonus
- Defecting Grey – 4:30
- Mr. Evasion – 3:31
- Talkin' About the Good Times – 3:45
- Walking Through My Dreams – 3:46
Histoire
Le style de narration de
S.F. Sorrow est différent de celui de la plupart des autres
concept albums/
opéras rock : là où
Tommy (
The Who) ou
The Wall (
Pink Floyd) utilisent les paroles des chansons comme moyen de faire progresser le récit, l'essentiel de l'histoire de Sebastian F. Sorrow est raconté dans de petits paragraphes intercalés entre les paroles des chansons dans le livret de l'album. Ces notes explicatives furent également lues à haute voix par Arthur Brown durant le seul concert où le groupe interpréta cet album.
Comme The Wall et Tommy, S.F. Sorrow s'ouvre sur la naissance du personnage principal. Sebastian F. Sorrow nait au « numéro trois », dans une petite ville sans nom et de parents ordinaires. La ville est soutenue par une usine connue sous le nom de Misery Factory, « usine à misère » (S.F. Sorrow is Born). L'enfance banale du petit Sorrow, un garçon doté d'une grande imagination, s'achève brutalement lorsqu'il a besoin d'un travail. Il part travailler avec son père à la Misery Factory, où de nombreux employés viennent d'être renvoyés. Cette embauche fait de Sebastian un objet de haine, dans la mesure où il est considéré comme un briseur de grève ou peut-être comme le jeune arriviste venu prendre la place d'un homme plus âgé (Bracelets of Fingers).
Cependant, la joie existe toujours pour lui, sous la forme d'une jolie fille qu'il croise tous les matins et à laquelle il pense constamment. Ils tombent amoureux et sortent ensemble, mais leurs plans de mariage volent en éclats lorsque Sorrow est enrôlé dans l'armée (She Says Good Morning).
Sorrow est incorporé dans une unité d'infanterie légère et part combattre, peut-être dans la Première Guerre mondiale. Il sombre dans la stupeur et passe la guerre entière dans une peur bleue, sa vie étant rythmée par le bruit des fusils et des canons. Sorrow survit à la guerre et s'installe dans un pays nommé Amerik, qui fait clairement référence aux États-Unis (la chanson Balloon Burning commence avec les mots « New York »). Pour le rejoindre, sa fiancée emprunte un dirigeable, le « Windenberg » (Hindenburg), mais un incendie éclate à bord à l'arrivée (Ballon Burning), tuant toutes les personnes à bord. Sorrow reste seul, sa fiancée bien-aimée morte (Death).
Sorrow plonge dans la dépression, qui le mène dans un voyage épique au coeur de son subconscient. Errant dans les rues, il rencontre le mystérieux Baron Saturday, figure de la mythologie haïtienne, qui l'invite à partir en voyage et, sans attendre la réponse de Sorrow, « emprunte ses yeux » et entame un voyage à travers le Monde d'en-dessous (Baron Saturday).
Le voyage s'achève par un vol dans les airs, où Sorrow est emporté par le Baron Saturday. Sorrow pense qu'il vole vers la Lune, un astre qui l'a toujours fasciné, mais à la place, il découvre son propre visage. Le Baron le pousse à travers la bouche de ce visage, puis à travers sa gorge, où ils découvrent un ensemble de portes en chêne. Saturday les ouvre et attire Sorrow à l'intérieur, où il découvre une salle pleine de miroirs (The Journey). Chacun d'entre eux reflète un souvenir de son enfance, et Saturday conseille à Sorrow de bien les étudier. Après la salle des miroirs vient un long escalier en colimaçon, qui le conduit à deux miroirs opaques. Ceux-ci lui montrent les atroces vérités et révélations de sa vie (I See You).
Sorrow est détruit par son voyage, qui lui fait comprendre qu'il ne peut plus faire confiance à personne, et que la société ne fera que vous rejeter lorsque vous serez trop vieux pour la servir plus longtemps (Trust). Il se retire dans un isolement mental où il souffre d'une solitude éternelle (Old Man Going). À la fin de l'album, il s'identifie à « la personne la plus seule au monde » (Loneliest Person).
Source